CORSE
Montagnard plutôt que marin, les corses ont entretenu des liens étroits avec les anciennes communautés agropastorales. La double transhumance (muntagnera et impiaghjera) pratiquée par les bergers-fromagers du village vers les estives de montagne et l’hiver vers les pâturages de plaine constitue le cœur de l’identité insulaire (culture technique et linguistique). La Corse est une île montagne qui offre une mosaïque d’estives aux particularités historiques et culturelles distinctes. Au fondement de la transhumance, l’usage pastoral des différents étages de végétation : la consommation de ressources spontanées, herbacées, ligneuses et semi ligneuses, par des races locales pour chacune des espèces domestiques (brebis, chèvres, porcs, bovins et chevaux) confère une matière première d’excellence à l’origine d’une variété de produits emblématiques de l’agriculture insulaire (fromages, charcuterie, viandes).
À la fin du XXème siècle, la sédentarisation des élevages en plaine et dans le piémont a conduit à un abandon progressif des estives. Il s’en suit un appauvrissement et une fermeture des territoires pastoraux montagnards qui porte préjudice à l’équilibre et à la biodiversité d’écosystèmes façonnés par les activités pastorales. La diminution des bergers engendre des conflits d’usage croissants et récurrents inédits qui réclament une nouvelle gouvernance. Le classement des estives de Corse constitue dans ce contexte, une formidable opportunité pour rassembler les énergies autour d’une alliance commune tournée vers l’avenir.